La biodiversité

Quand on parle de « biodiversité », les individus ont tendance à penser à l’ensemble des espèces de faune et de flore visibles. Pourtant, pour les écologues, le terme biodiversité, ou diversité biologique renferme une définition plus complète. C’est la variété et la variabilité de tous les organismes vivants, y compris des écosystèmes terrestres marins et aquatiques, ainsi que les complexes dont ils font partie. Cela inclut la variabilité génétique intraspécifique et intrapopulationnelle, la variabilité des espèces et de leurs formes de vie, la diversité des complexes d’espèces associées et de leurs interactions, et celle des processus écologiques et des écosystèmes (dite diversité écosystémique).

Dictionnaire de la protection de la nature

C’est ainsi que le territoire du Syndicat du Haut-Rhône, est reconnu au niveau national et européen pour sa richesse et sa diversité en milieux humides et aquatiques, et pour les espèces de faune et de flore qui y sont liées. Indicatrice de la qualité des milieux et à l’origine de nombreux services gratuits pour le territoire, la biodiversité est au cœur de l’action du Syndicat, qui se fait le garant de la connaissance, de la préservation et de la valorisation de ce patrimoine. 

Inventaires et suivis naturalistes

Le territoire du Haut-Rhône comprend de nombreuses d’espèces remarquables dont certaines sont protégées.  

« Une espèce protégée est une espèce qu’il est interdit de chasser, pêcher, cueillir, détruire, déplacer à tous les stades de développement (graines, œufs, jeunes, adultes, etc.) selon une réglementation internationale, nationale, régionale, départementale ou locale. Dans les textes réglementaires, cette protection est parfois étendue au milieu de vie de l’espèce et donc à certains écosystèmes. » (INPN, 2019) 

Sur les plus de 182 000 espèces recensées à ce jour en France (Outremers compris), 10 600 ont été placées sur « Liste Rouge ». Cette caractéristique indique que leur conservation est préoccupante. Plus de 7 000 espèces sont protégées sur une partie ou plus du territoire français. Cependant, il peut exister des décalages entre la vulnérabilité d’une espèce et sa protection effective. Pour répondre aux besoins de protection des espèces menacées, des Plans Nationaux d’Actions (PNA) et des dispositifs sont mis en place (connaissance, conservation, réintroduction d’espèce, mise en place de pratiques agricoles raisonnées, sensibilisation du public…). 

A travers ces programmes, le Syndicat du Haut-Rhône réalise des actions en faveur d’espèces menacées.  

Faune
Flore

Les espèces emblématiques du Haut-Rhône 

castor en pleine nature

Castor d’Europe

Castor fiber

Ce mammifère discret et pourtant bien présent dans nos imaginaires a bien failli disparaître de la vallée du Rhône au XIXe siècle. Sauvé par une politique de réintroduction, il est aujourd’hui protégé. On remarque notamment les traces qu’il laisse dans les forêts de berge : arbres taillés en « crayon » et terriers ou directement sur le cours d’eau avec les barrages.

papillon beige et blanc et des des points noirs posé sur une fleur violette

Azuré de la Sanguisorbe

Phengaris teleius

Très rare, protégé, ce papillon aux reflets bleutés est dépendant des... fourmis ! Les œufs sont d’abord pondus uniquement sur les fleurs de la Sanguisorbe officinale. Après s’être délecté de l’intérieur des fleurs, les larves se laissent tomber au sol pour être « adoptées » par des fourmis, qui assurent leur nourriture en échange du miellat sécrété par les chenilles. Une fois adultes, les papillons fuient la fourmilière avant d’être repérés et assurer ainsi la pérennité de l’espèce.

poisson de profil rayé jaune et rouge avec des tâches noires dans l'eau au dessus du sable

Ombre commun

Thymallus thymallus

Ce poisson de la famille des salmonidés nécessite des eaux fraîches, pures et bien oxygénées, et des substrats grossiers. Il est donc particulièrement vulnérable et sensible au réchauffement des eaux, et à la disparition des zones de fraies. Sa présence renseigne, réciproquement, sur la réunion de ces conditions ; on parle d’espèce « bio-indicatrice ».

écrevisse à pattes blanches dans l'eau vue de haut

Écrevisse à pattes blanches

Austropotamobius pallipes 

Concurrencée par des espèces invasives américaines, décimée par la peste des écrevisses, cette petite écrevisse (une dizaine de centimètres) est devenue très rare sur le territoire français malgré sa protection. Elle recherche les eaux courantes, de bonne qualité et riches en calcium. En partenariat avec le SR3A, la Communauté de communes de Bugey Sud, la Fédération de pêche de l’Ain, l’association Rivières Sauvages et avec le soutien financier du département de l’Ain, le Syndicat du Haut-Rhône a réalisé des campagnes de réintroduction, notamment sur deux ruisseaux situés entre Bellegarde et Chanay dans l’Ain.

carabe noduleux sur le sol

Carabe noduleux

Carabus nodulosus

Ce coléoptère de la famille des carabidés est extrêmement rare et protégé en France. Il fréquente les petits cours d’eau permanents en forêt et en moyenne altitude (350 à 850 m). Ses exigences écologiques le rendent particulièrement vulnérable aux transformations (même minimes) de son habitat, d’où son extrême rareté. 

libellule noire et bleu turquoise posée sur une tige

Agrion de Mercure

Coenagrion mercuriale 

Cette espèce protégée est une demoiselle de l’ordre des odonates. Les demoiselles se différencient des libellules par leur taille plus petite, leurs ailes repliées au repos, et leur vol papillonnant. Reconnaissable à son abdomen rayé noir et bleu aux reflets métalliques, l’Agrion de mercure se rencontre dans des milieux d’eaux lentes à alimentation phréatique, par exemple dans certaines lônes.

crapaud sonneur à ventre jaune immergé dans l'eau avec le haut de la tête et les yeux hors de l'eau

Sonneur à ventre jaune

Bombina variegata

Ce petit crapaud, aux pupilles en forme de cœur et au ventre tacheté de jaune, nécessite des points d’eau très peu profonds pour sa ponte (flaques, ornières, petites mares temporaires). Il est également devenu très rare. Le syndicat encourage donc la création des petits habitats aquatiques qui lui sont favorables.

grand arbre feuillu

Peuplier noir

Populus nigra

Ambassadeur des forêts alluviales rhodaniennes, le Peuplier noir (qui doit son nom à son écorce sombre) a été fortement menacé par l’hybridation génétique avec les peupliers de culture. Après un travail d’étude génétique, l’Office National des Forêts est parvenu à le remettre en culture et à réimplanter de nombreux spécimens aux abords du Rhône.

Fleur avec rosée et lumière tamisée

Fritillaire pintade

Fritillaria meleagris

Cette fleur protégée de la famille des lis est caractéristique des prairies de fauche humides, et particulièrement remarquable par sa couleur rose à motif de « damier ». La floraison a lieu début mars, on peut notamment l’apercevoir sur le site de l’ancien méandre du Saugey, la cueillette étant strictement interdite.

plusieurs fleurs violettes sur une tige

Orchis des marais

Anacamptis palustris

Cette plante protégée des marais a les mêmes exigences écologiques que la Fritillaire pintade : humidité du sol, ouverture et ensoleillement du milieu. C’est donc la dégradation progressive de ces conditions qui porte atteinte à la conservation de l’espèce. Le Syndicat du Haut-Rhône organise tous les deux ans le fauchage de certains sites afin de favoriser ces espèces patrimoniales.

Les espèces exotiques envahissantes 

Les espèces exotiques diffèrent des espèces indigènes qui ont co-évolué avec leur(s) prédateur(s) et les autres espèces pour former un équilibre. Les espèces exotiques (ou exogènes) sont introduites par l’homme dans leur nouveau milieu, volontairement (plantes d’ornement, animaux de compagnie…) ou fortuitement (circulation de semences via les transports…).  Les espèces exotiques envahissantes sont caractérisées par un fort potentiel de reproduction, au détriment des espèces indigènes, qui se retrouvent en déclin. En l’absence de prédateur, elles perturbent à leur profit tout l’équilibre d’un écosystème en s’accaparant les ressources (eau, espace, proies, nutriments, lumière…). Elles peuvent également transporter des éléments pathogènes (virus, champignons, …) contre lesquelles les espèces indigènes ne sont pas immunisées. Les espèces exotiques envahissantes sont aujourd’hui considérées comme le troisième facteur de régression de la biodiversité mondiale, après la destruction des habitats et la surexploitation des espèces. 

Les espèces animales

Introduit en France à la fin du XIXe siècle pour le commerce de sa peau, le ragondin a été largement libéré dans les milieux naturels à la suite de la crise économique de 1929. Son caractère fouisseur est particulièrement nocif pour l’expression de la végétation des milieux humides. Il peut véhiculer des pathogènes comme la leptospirose.

L’écrevisse du Pacifique (aussi appelée Écrevisse signal ou Écrevisse de Californie) a été importée en Scandinavie dans les années 1960 à 1980 pour repeupler des milieux aquatiques. En France, elle a été fortement dynamisée par la pratique de la pêche. Pourtant, l’écrevisse du Pacifique colonise des niches écologiques qui sont l’habitat de prédilection d’une espèce indigène, l’écrevisse à pattes blanches. L’agressivité, la voracité et le dynamisme reproductif de l’écrevisse du Pacifique laissent très peu de chances de survie à l’écrevisse indigène. Enfin, elle est aussi porteuse saine d’une maladie appelée « peste des écrevisses ». Le Syndicat du Haut-Rhône participe néanmoins à des opérations de réintroduction ciblée d’écrevisses à pattes blanches.

Très largement vendues dans les animaleries avant d’être interdites d’importation, de nombreuses tortues de Floride ont été relâchées dans le milieu naturel par leurs propriétaires. Très vorace, l’espèce est prédatrice de nombreuses espèces indigènes et est une concurrente directe de la tortue cistude d’Europe déjà fortement menacée par la destruction de son habitat. 

Originaire d’Asie orientale (bassin du fleuve Amour), la Carpe amour ou Carpe herbivore a été introduite en France dans les années 1950-60 en vue de réguler la végétation aquatique des eaux closes et pour la pratique de la pêche de loisir. En plan d’eau, son alimentation occasionne la mise en suspension de vases qui contribuent, avec les déjections, à l’asphyxie de ces milieux d’eau calme. Le site de l’étang Bleu (Vions, Savoie) a été fortement dégradé en raison de la prolifération de ces espèces, jusqu’à sa restauration par le Syndicat du Haut-Rhône entre 2015 et 2017.

Les espèces végétales

Le fameux « arbre à papillons » est également une espèce exotique envahissante échappée de nos jardins. Son surnom pourrait laisser penser qu’il est bénéfique à la biodiversité. Pourtant, bien que les fleurs de l’arbre attirent les papillons, ses feuilles sont toxiques pour les chenilles. En se substituant à des plantes-hôtes indigènes, le buddléia porte donc indirectement et paradoxalement atteinte à la conservation des papillons. Attention : il est souvent proposé en pépinière pour la création de haies.

Importée à la fin du XIXe siècle comme plante ornementale, la renouée du Japon s’est échappée des jardins et a colonisé des kilomètres de berges et de fossés. Ses grandes feuilles en forme de cœur, sa croissance et son extension rapides la rendent hyper concurrentielle face à des espèces indigènes à croissance plus lente. Seules des coupes régulières (plus de 3 fois par an), un export ou un broyage de ses rhizomes peuvent enrayer sérieusement son développement. Compte tenu de leur coût important, les actions de lutte sont malheureusement limitées aux secteurs aux plus forts enjeux de biodiversité.A ce jour, il n’existe pas de moyen de lutte identifié à grande échelle.  

À ne pas confondre avec l’Armoise vulgaire, l’Ambroisie à feuilles d’armoise est une espèce pionnière, généralement visible sur des terrains perturbés (friches, champs moissonnés…). À partir du mois d’août, elle produit des pollens extrêmement allergènes. Le coût des impacts sanitaires de cette allergie (consultations, médicaments, arrêts de travail, désensibilisation…) sur la région Auvergne-Rhône-Alpes a été estimé pour 2016 à 40.6 millions d’euros. 

L’impatience (ou balsamine) de l’Himalaya, très belle plante à fleurs roses échappée de nos jardins, accroît chaque année son expansion. On la retrouve principalement dans la forêt alluviale et dans les peupleraies.  

Comment agir ? 

Malgré tous les dommages qu’elles occasionnent, la plupart des espèces exotiques envahissantes connues sont en vente libre, et de nouvelles espèces sont importées tous les ans sans que leur potentiel d’envahissement ait été évalué. Pour éviter de nouvelles contaminations, il faut donc : 

  • Bien se renseigner sur les espèces indigènes de sa région, et privilégier ces dernières au détriment d’espèces exotiques qui peuvent paraître plus séduisantes.  
  • En cas de choix d’une espèce exotique, s’assurer qu’elle ne figure pas dans la liste des espèces envahissantes, végétales ou animales. 
  • Ne pas jeter ses déchets verts dans la nature ni les brûler (interdit) mais les emmener en déchetterie. 
  • Ne pas relâcher d’animaux domestiques dans la nature. 
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