La forêt alluviale

Lors des crues du Rhône, des alluvions (argiles, limons, sables, graviers…) sont charriées par le fleuve et se déposent dans la portion de plaine inondée, constituant ainsi la plaine alluviale et ses milieux naturels et agricoles remarquables pour leur biodiversité et leur fertilité.
La plaine alluviale du Haut-Rhône joue un rôle fondamental dans le bon fonctionnement du fleuve et des villes riveraines : épuration de l’eau, rétention des crues, biodiversité, … Cette plaine abrite aussi différents types de forêts, dites alluviales, qui se succèdent dans l’espace et dans le temps au gré des crues et de la dynamique du fleuve. Les bois tendres constitués de peupliers et de saules se trouvent au premier plan, là où les fluctuations des niveaux d’eau sont les plus importantes. Mâtures ou pionniers, ces boisements subissent et supportent de grandes inondations et sont considérés comme un habitat prioritaire pour leur conservation au niveau européen. Viennent ensuite les forêts composées d’aulnes et de frênes sur les berges où la réserve en eau est importante, avec ça et là des aulnaies blanches localisées sur les îles. Enfin plus éloignées du fleuve, donc moins sujettes aux crues, les forêts d’ormes et de chênes marquent la fin de l’évolution des forêts alluviales dans la plaine.

 

Focus sur la ripisylve : un milieu original et particulièrement riche.
Le Rhône, comme tous les cours d’eau, bénéficie le long de ses berges d’une ripisylve (littéralement forêt de berge). Ces ripisylves forment une transition entre les milieux terrestres et aquatiques. Cette mosaïque d’habitats abrite une faune très variée : oiseaux, mammifères, poissons, batraciens...
Parmi toutes nos forêts, ce sont ces forêts alluviales qui ont le plus régressées au cours du dernier siècle. Sur le territoire du Haut-Rhône, la majeure partie du linéaire de ripisylve fait partie du site classé Natura 2000 : « Zones humides et forêts alluviales du Lac du Bourget – Chautagne - Rhône ». Le Plan d'Action en Faveur de la Biodiversité du Haut-Rhône prévoit une action visant à préserver et améliorer la qualité des forêts alluviales du territoire.

Les différentes fonctions de la ripisylve (extrait du livret d'interprétation du sentier de la lône d'En l'Île)
Les différentes fonctions de la ripisylve (extrait du livret d'interprétation du sentier de la lône d'En l'Île)


La lône, bras secondaire du Rhône« La lône, bras secondaire du Rhône, à sec ou faiblement courant, envahie par les eaux des crues, est un milieu emblématique qui retient aujourd’hui toute l’attention des riverains, des gestionnaires et des politiques ». Extrait de La Lône, l’aménageur, l’écologue et le géographe, 40 ans de gestion du Rhône de Jean-Paul Bravard.

Vestiges d’un fleuve vif et courant qui façonne sa plaine, les lônes sont des milieux qui abritent une grande diversité d’espèces animales ou végétales : zones de reproduction pour de nombreux poissons comme le brochet ou encore la bouvière, elles accueillent également une grande variété de batraciens et d’insectes qui y passent l’intégralité de leur cycle de vie. Les mammifères comme le castor d'Europe ou la loutre viennent s’y nourrir ou s’y loger. La forêt alluviale jouant le rôle de corridor écologique  entre le fleuve et ses lônes.

Les lônes peuvent être courantes, c'est-à-dire connectées au fleuve à l'amont et à l'aval, seulement connectées à l’aval, ou totalement déconnectées du courant. Lorsqu’elles sont éloignées du cours actuel du fleuve, ce sont alors des « mortes » alimentées en partie par la nappe phréatique ou les eaux de pluie. C'est cette diversité de fonctionnements, mais également la diversité d'états des lônes (plus ou moins envasées) qui permet d'assurer toutes les conditions nécessaires au cycle de vie des espèces.

Depuis 2003, date de démarrage du Programme de Réhabilitation du Haut-Rhône, 23 lônes ont été restaurées.

D'autres lônes ont également été identifiées dans le Plan d'Action en Faveur de la Biodiversité du Haut-Rhône pour bénéficier d'études afin de décider de travaux éventuels.

 

 

Les bancs de graviers

Bancs de graviers sur la portion de Rhône court-circuité
de l'aménagement de Chautagne

Les bancs de graviers constituent un autre milieu caractéristique du fonctionnement naturel des grands cours d’eau. Naturellement remaniés par les eaux du Rhône, ces derniers à l’origine mobiles, sont aujourd’hui beaucoup plus figés. Les grands aménagements successifs ont en effet eu pour conséquence de modifier le fonctionnement du fleuve et ce dernier n’a plus la capacité de façonner son lit en déplaçant et redéposant les alluvions. Ces bancs, accueillent des oiseaux, tel le petit gravelot qui vient s’y reproduire, ainsi qu'une végétation pionnière qui tente de les coloniser.

Arrasement mécanique des bancs de graviers (CNR)
Arrasement mécanique des bancs de graviers (CNR)

Lors de vos déplacements le long du Rhône, vous avez sans doute eu l'occasion d'observer de gros bulldozers évoluer sur les bancs de graviers. A l'aide d'un lourd peigne métallique situé à l'arrière des engins, les bancs sont arasés de manière régulière.  En effet, la Compagnie Nationale du Rhône est réglementairement obligée d'empêcher toute « aggravation » de la hauteur d'eau lors des crues. Or, le développement de la végétation associé à des phénomènes de sédimentation et d’embâcles pourrait former un volume supplémentaire qui augmenterait les risques d'inondation des terrains riverains par étalement de la lame d’eau. L’obligation d'entretien laisse cependant une certaine marge de manœuvre pour permettre l’expression d’une succession végétale sur les bancs de graviers, comme les bosquets de saules pionniers.

 

Les zones humides

Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Marais, tourbière, mare, étang, forêt alluviale, bois marécageux, prairie humide, … Leur point commun est la présence d’eau permanente ou temporaire.
En France, près des deux tiers des zones humides ont été détruits ou fortement dégradés ces 30 dernières années.

A quoi servent les zones humides ?
Les zones humides, véritables réservoirs de biodiversité, assurent aussi gratuitement des services extrêmement coûteux lorsqu’ils doivent être réalisés par la collectivité.
Elles absorbent une partie des inondations (sécurité publique), permettent le stockage et l’épuration des eaux (alimentation en eau potable et santé publique). L’entretien des marais procure aussi une ressource durable pour les agriculteurs (fourrage, litière, amendement). Cette valeur économique se mesure aussi à l’attrait touristique de ces milieux (paysages, espèces, …).

Et sur le Haut-Rhône ?
Dans la plaine alluviale, de nombreuses zones humides sont encore présentes. Beaucoup d’entre elles ont pour origine les anciens tracés du Rhône, appelé paléoméandres. Les tourbières alcalines quant à elles sont les vestiges glaciaires du Fleuve. D’autres se sont formés au fil du temps avec une origine plus ou moins naturelle et se sont perpétuées par l’apport de résurgences des contreforts jurassiens. Véritables éponges, certaines zones humides situées dans la plaine d’expansion des crues du Rhône jouent un rôle fondamental dans la rétention des eaux et leur restitution progressive en période de pénurie. Ces zones humides sont aussi de véritables joyaux de biodiversité et accueillent une multitude d’animaux ou de végétaux rares et protégés. La végétation est souvent composée de roseaux et de marisque. Appelées plus communément « blâche », ces roselières et cladiaies, étaient exploitées autrefois pour la litière des animaux d’élevage. Aujourd’hui, il est indispensable de les entretenir pour limiter l’envahissement par les arbustes. La fauche ou le broyage nous permet de revenir vers des pratiques d’antan pour la gestion de ces milieux naturels.

 

Paléoméandre du Sauget à Brangues (Didier Jungers©0474886688)
Paléoméandre du Sauget à Brangues (Didier Jungers©0474886688)
Marais des Planches à Murs et Gélignieux (Y. Jacob)



Comment pouvons-nous protéger ce patrimoine ?
En conciliant les trois richesses sur lesquelles repose la construction d’un avenir harmonieux pour les territoires : la richesse économique, la richesse sociale et la richesse écologique. Pour cela, divers outils s’offrent à nous. La maîtrise du foncier permet de garantir la protection des zones humides contre le remblaiement sauvage ou la destruction. Il existe des financements publics (Agence de l’Eau, Région Rhône-Alpes, Conseils généraux) pour l’acquisition des zones humides.
La prise en compte de ces milieux dans les politiques d’aménagement du territoire est aujourd’hui une obligation. Les documents d’urbanisme (Schéma de Cohérence Territorial, Plan Local d’Urbanisme…) sont les outils qui permettent de préserver activement les zones humides par des zonages spécifiques.
En termes de restauration et de gestion, les propriétaires privés peuvent aussi bénéficier d’aides financières publiques pour entreprendre des travaux.
Pour plus d’informations, vous pouvez prendre contact avec le Syndicat du Haut-Rhône, car la préservation des services rendus par les zones humides est l’affaire de tous.

 

Les affluents

S'il est communément admis que les petits ruisseaux font les grandes rivières, ils participent aussi directement à la vie des grands fleuves !

Confluence du Flon et du Rhône à Yenne

Sur le territoire, de nombreux affluents viennent effectivement se jeter dans le Rhône. Ces milieux annexes du fleuve, permettent d'accueillir une faune qui y fera tout ou partie de son cycle de vie. C'est le cas de certains poissons bien entendu, mais aussi d'insectes comme les libellules et les demoiselles, ou du castor qui profitera de ces voies aquatiques pour diversifier ses sources de nourriture. Plusieurs de ces ruisseaux ont été identifiés dans le Plan d'Action en Faveur de la Biodiversité du Haut-Rhône pour bénéficier d'études, voir de travaux de renaturation.

 

Les prairies sèches

Sur le territoire, ce sont principalement les digues qui offrent un support artificiel à ces milieux, plutôt rares en plaine, car naturellement situés sur les contreforts calcaires du fleuve. Ces digues, créées le long des portions de plein Rhône et le long des canaux d'amenée et de restitution des usines hydroélectriques, sont entretenues par gestion pastorale par la CNR pour éviter que les arbres ne s'y installent et ne les détériorent. Cet entretien devrait permettre à certaines espèces animales et végétales inféodées aux prairies sèches de se développer, mais aucun suivi n'a encore été réalisé pour connaître l'état des lieux de ces milieux somme toute assez récents.

Une zone de pelouses sèches est présente sur le coteau calcaire du Mont de Cordon, elle est actuellement gérée par le Conservatoire d'Espaces Naturel Rhône Alpes et a été inclue dans le Plan d'Action en Faveur de la Biodiversité du Haut-Rhône.  

 

L'entretien des digues par le pâturage favorise le maintien
de nouvelles prairies sèches
Pelouse sèche du Mont de Cordon